Les flammes

Au cœur d’une forêt québécoise qui brûle, on distingue les silhouettes de deux femmes à travers la fumée. Elles partagent en secret leurs souvenirs et autres traces indélébiles de leur relation avec un même partenaire. Dans un appartement de Centre-Sud (Montréal), cachée derrière une commode au fond d’une chambre, une troisième voix s’élève. Celle-ci ne peut ni partir ni rester, elle est piégée au cœur d’une maison qui n’a pas pu la protéger. Chacune d’elles, à un moment précis, a eu peur de mourir. Toutes désirent se libérer d’une menace longtemps restée sans nom.

Dans l’écriture du texte Les flammes (titre de travail), j’explore mon processus de guérison et de libération d’une ancienne relation violente, marquée par une multitude de stratégies associées au contrôle coercitif : isolement, surveillance, blâmes, détournement cognitif, harcèlement… mais aucune violence physique, aucune trace. Il y a quinze ans, au moment de quitter cette relation, j’étais incapable d’exprimer ou d’expliquer ce qui m’était arrivé. Les mots me manquaient pour la première fois de ma vie. C’est là l’angle précis avec lequel je désire aborder l’écriture de ce nouveau texte : quand les mots et recours légaux manquent, quand personne ne semble avoir de réponse à nos questions, il arrive alors de douter de l’existence et la véracité des gestes dont nous avons été victimes.