VIOLETTE PALLARO
« J’avais toujours fantasmé la découverte, à la mort de ma mère, d’un tas de cassettes audio sur lesquelles elle m’aurait tout raconté. J’aimais l’idée d’un héritage transmis par la voix. Mais ce genre de traces est un privilège réservé à celles qui ont osé parler.
Jusqu’au jour où je retrouve cette K7 enregistrée l’année de mes 14 ans, sur laquelle j’imite librement ce que vois à la télé ou entend à la radio, mais surtout je raconte comment je vois les femmes qui vivent autour de moi, et particulièrement ma mère, mon contre-modèle.
Sur la face A, je promets de ne jamais faire comme elle, et je laisse un message à la fille que je n’aurai pas.
Au moment de la découverte de ce journal sonore, j’écrivais une pièce dans laquelle je faisais mourir ma mère. J’ai alors compris qu’avant d’aller jusque-là, je pouvais déjà commencer par la faire parler. Je l’ai appelé, et je l’ai enregistré sans qu’elle le sache, à ce moment-là je ne savais pas encore ce que j’allais faire de sa voix.
En l’écoutant, je me suis dit que cette femme portait en elle une parole beaucoup plus féministe que tout ce que j’avais pu approcher dans la littérature. Finalement, je n’ai jamais écrit l'histoire que j'avais imaginée au départ, mais j’ai réinventé la nôtre, à la lisière du réel, et c’est pas plus mal. »
Autrice, actrice, metteuse en scène et réalisatrice, Violette Pallaro sort diplômée de l’École Supérieure d’acteurs à Liège en 2010. Depuis, elle écrit et joue pour la scène, la rue, le cinéma et la radio. Ses trois premiers textes théâtraux (Hors-Jeu, Tabula Rasa, Un Loup pour l’Homme) ont été créés au Festival de Liège et au Théâtre National à Bruxelles, et joués en Belgique, en France et au Luxembourg.
Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles
avec le soutien de la Chartreuse-Cnes
Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles
avec le soutien de la Chartreuse-Cnes