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Utile titre provisoire

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COLLECTIF ILDI ! ELDI

UTILE

Le projet est né de la rencontre avec une langue, celle de Maylis de Kerangal et son texte À ce stade de la nuit, courte nouvelle à partir de laquelle nous avons fait une performance en 2020 dans le cadre de Manifesta 13 et des Rencontres à l’échelle à Marseille. Ce court texte parle du point de vue d’une femme française qui rentre chez elle un soir et se retrouve confrontée, en allumant la radio, au naufrage de Lampedusa en Sicile, le premier avant tant d’autres, celui qui le 3 octobre 2013, nous a forcé à ouvrir les yeux. Cette femme ne peut dormir, impuissante et choquée. Plusieurs niveaux de réflexion la rapprochent et l’éloignent de ce drame. Déjà dans ce texte, beaucoup d’enjeux et d’éléments dramatiques d’Utile étaient là, bien présents, et ne demandaient qu'à être dépliés : la nuit, une femme puissante, la culpabilité, la responsabilité, l’engagement, l’impuissance et le besoin d’agir. La rencontre de Maylis de Kerangal et du collectif se prolonge, elle donne lieu à une envie de travailler en commun sur une nouvelle forme qui puisse interroger ensemble récit et théâtre.

« Il s’agit d’une femme d’une quarantaine d’années, une femme  réfléchie, dont les actions recherchent la justesse, l’efficacité,  une certaine sagesse. Elle ne tient pas de discours, elle est sobre  et sans emphase, intense. Elle travaille pour la communication d’un  groupe de presse et soudain elle est désœuvrée, en latence. Elle  vit depuis longtemps avec un homme qu’elle aime, et des enfants  devenus des adolescents, Une vie protégée, une vie stable et dense,  mais une vie où les choix déterminants, en quelque sorte, sont  derrière elle et c’est sans doute ce qui soudain la fait souffrir.  Ce que je veux sonder c’est le mouvement quasi sismographique d’une  femme qui se déroute à bas-bruit. Le trouble et l’étonnement d’un  être qui se relie progressivement à un monde plus vaste que le  sien, à un cercle de vie plus fragmentaire, plus chaotique plus  sombre. Au cœur de ce mouvement, se pose la question du langage :  elle doit désapprendre la communication pour apprendre à parler. Ce  qui m’intéresse c’est qu’elle se débatte, c’est de tracer la  cartographie de l’adversité (amoureuse, familiale, sociale,  étatique) et que tout cela questionne sa place, la conduise à  penser sa place. C’est l’histoire d’une prise d’élan, et c’est  aussi celle d’un arrachement violent. J’ai pensé au titre du film de  Godard « Vivre sa vie » je me suis demandée ce que cela voulait dire . »   Maylis de Kerangal

Le collectif ildi ! eldi est conventionné par la DRAC SUD PACA.